Penser à anticiper, calculer, déléguer… entre le travail et la maison, la gestion des choses à faire : les rendez-vous à ne pas oublier, faire le linge, répondre aux mails, payer les factures, appeler mamie pour avoir des nouvelles, faire le ménage, organiser les prochaines vacances... et tout ça au même temps qu’on reçoit des notifications et de sollicitations incessantes par tous les canaux possibles. Autant d’ingrédients qui alimentent notre charge mentale.
Les symptômes typiques de la pression exercée par la charge mentale sont :
- Le sentiment de manquer de temps, de devoir tout faire dans l'urgence;
- L'impression d'être toujours débordé, d'avoir 1001 choses à faire;
- Faire des "to do lists" mais ne jamais arriver au bout;
- Se comparer aux autres et culpabiliser parce qu'on n’y arrive pas.
Le terme existe depuis des décennies en sociologie du travail pour évoquer l’accumulation simultanée de tâches personnelles et professionnelles.
De multiples facteurs interviennent dans la notion de charge mentale : de très nombreux aspects psychologiques, sociologiques et organisationnels.
La charge mental est ce travail de gestion, d'organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable, constant et génératrice de stress.
Un réel stress
La charge mentale a été définie pour la première fois par Monique Haicault en 1984 et se définit par le fait de devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement. Par exemple, la maman au travail qui pense à ce qu'elle doit faire le soir en rentrant.
Pour faire simple, la charge mentale est le concept de "double-journée".
Le tourbillon d’informations et de demandes qui nous assaille du matin au soir nous expose de ce fait à une charge mentale écrasante qui peut se traduire par un réel stress.
Il faut souligner que nous sommes également très doue.es à élaborer des scénarios de toutes sortes. Un bus raté ou un retard de dossier, notre système de stress – initialement conçu pour faire face aux dangers vitaux – ne cesse de s’activer, anticipant souvent des situations plus dramatiques qu’elles ne le seront finalement qui peuvent conduire à un réel épuisement.
Charge mentale et stress ne sont pas forcément liés
La charge mental est surtout la sensation de ne pas être à la hauteur, qui conduit à un stress chronique et prolongé. Et ce d’autant plus que l’on reste envahi par ces préoccupations.
Nous ruminons et anticipons des problèmes hypothétiques et transformons ainsi les stress ponctuels du quotidien sur le long terme. Et c’est cela qui est dangereux pour notre santé.
Si la charge mentale apparaît encore rarement comme un motif de consultation en soi, fatigue, maux de tête ou encore insomnie et accès de colère en sont des signes à ne pas négliger.
Nous savons par exemple que le stress chronique peut conduire à des altérations de l’activité cardiaque, qui elles-mêmes accroissent le risque de dépression.
À l’inverse, nous avons la capacité d’atténuer ces phénomènes notamment par la gestion de nos émotions. Ce levier est d’une réelle puissance pour acquérir une distance sur les événements du quotidien et leur impact sur la santé.
Dompter ses émotions
Si nous sommes capables à tout moment d’élaborer les pires scénarios, nous avons aussi l’aptitude mentale pour gérer nos émotions et améliorer notre capacité de récupération après un stress. Pour cela il faut :
- Savoir se distraire.
- Choisir de s’exposer ou pas à des situations que l’on sait stressantes, quand cela est possible.
- Prendre du recul pour réinterpréter objectivement une situation vécue comme éprouvante ainsi que notre propre réaction, pour en considérer les points positifs et les points négatifs.
- Apprendre à respirer, à gérer ses émotions.
Signes de surcharge mentale
Sensation de tête pleine, fatigue, irritabilité: la charge mentale et le stress pouvant en découler s’expriment de multiples manières.
Le premier est l’insomnie. Supportables lorsqu’ils sont passagers, les troubles du sommeil doivent attirer l’attention lorsqu’ils s’installent dans le temps. Cela découle une fatigue permanente et les difficultés de concentration.
Le second signal à prendre en considération relève de l’humeur. Irritabilité, emportement excessif pour des détails, accès de colère.
La colère peut évidemment être justifiée, voire salutaire, en aidant par exemple à s’indigner face à des situations inacceptables. Mais lorsqu’elle devient prédominante et inadéquate au regard des circonstances, elle devient un dysfonctionnement en soi et ses conséquences peuvent être redoutables.
La charge mentale est un phénomène éminemment contemporain déterminé par de multiples facteurs. Pour y faire face, il n’y a pas de recette universelle, mais la possibilité de remettre en question ses propres fonctionnements, seul.e ou avec l’aide d’un thérapeute.
Source : https://www.planetesante.ch/Magazine/Psycho-et-cerveau/Stress/Charge-mentale-quand-le-cerveau-epuise-le-corps