Herpès virus et maladies auto-immunes

L'herpès est une maladie virale, contagieuse (sexuellement transmissible si l'herpès est HSV2 ou par simple contact buccal si HSV1), et responsable d'affection de la peau, des muqueuses et parfois du système nerveux, caractérisée par des crises d'éruption vésiculeuse de boutons groupés. Ces crises d'une quinzaine de jours sont plus ou moins espacées dans le temps ; elles sont déclenchées par de nombreux facteurs, dont une baisse de l'immunité, souvent par un stress, et parfois par l'exposition au soleil. La maladie est jugée bénigne chez les sujets en bonne santé, mais peut se révéler très sérieuse chez l'immunodéprimé, le nouveau-né ou la femme enceinte.
 
Au-delà des lèvres et des organes génitaux, l'infection herpétique peut se manifester dans d'autres zones : gorge, oesophage, bouche, narine... et surtout l'œil. L'infection oculaire herpétique représente la première cause de cécité d'origine infectieuse dans les pays industrialisés.
 
L’infection est traitée par un médicament antiviral (par exemple l’aciclovir) par voie orale. Il permet de réduire la gravité et la fréquence des symptômes sans toutefois guérir l’herpès puisqu’il n’élimine pas les virus « dormants » susceptibles de se réactiver. Lors d’une première infection, ce traitement peut être associé à un antalgique pour apaiser la douleur.
 
Toute personne atteinte, même si la maladie se limite pour le moment à de simples boutons de fièvre, est contaminée et doit prendre les précautions suivantes pour protéger son entourage :
 
- se laver soigneusement et régulièrement les mains, surtout après tout contact avec la lésion (même sans gratter) ; le faire avec encore plus d'attention si on va toucher de la nourriture ou de la vaisselle, une autre personne ou ses affaires personnelles (particulièrement des affaires d'hygiène) bien que le virus ne conserve son pouvoir infectant que 2 heures sur un support sec ;
 
- éviter d'utiliser les objets ayant été en contact direct avec la salive ou la bouche d'une personne infectée (brosse à dent notamment) ;
 
- éviter les contacts sexuels oro-génitaux pour ne pas transmettre un herpès labial au niveau génital ;
 
- individualiser le linge de toilette ;
 
- ne pas se toucher les yeux (un geste machinal rapide suffit pour la transmission), et bien sûr, ne pas humecter ses lentilles de contact avec sa salive (risque très direct de contamination) ;
 
- ne pas gratter les lésions, et plus généralement, ne jamais toucher la zone infectée ; si le geste est machinal, prendre l'habitude de ne plus toucher les lésions, et se nettoyer les mains (ongles compris) chaque fois qu'on le fait ;
 
- maintenir les parties atteintes aussi propres et sèches que possible, et ne pas les serrer sous des vêtements trop près du corps ;
 
- éviter tout contact avec un nouveau-né (son système immunitaire est encore fragile) ;
 
- en cas de bouton de fièvre (même débutant ou presque terminé), éviter d'embrasser, y compris sur les joues, et ce jusqu'à ce que les lésions soient complètement sèches.
 
 
Herpès et maladies auto-immunes
 
Le développement important du nombre de personnes souffrant d’une maladie auto-immune suscite de nombreuses interrogations. Est-ce lié à notre mode de vie ou sommes-nous prédisposés génétiquement à développer une maladie dans laquelle notre système immunitaire se dérègle et se dirige contre notre propre organisme ? Des travaux récents menés par des chercheurs américains de l’hôpital pédiatrique de Cincinnati mettent en évidence que le virus Epstein-Barr, connu pour son implication dans la mononucléose ou “maladie du baiser”, augmente le risque de développer sept maladies auto-immunes.
 
Grâce à leur étude utilisant des algorithmes, les chercheurs ont montré qu’une protéine produite par le virus Epstein-Barr, nommée EBNA2 (Epstein-Barr virus Nuclear Antigen 2 ou antigène nucléaire 2 du virus Epstein-Barr), se lie à de multiples endroits du génome qui sont associés à sept maladies auto-immunes, des pathologies dans lesquelles le système immunitaire s’attaque à l’organisme.
 
À savoir ! Le virus Epstein-Barr est un herpès virus commun dont 90% de la population des pays occidentaux est infectée avant l’âge de 20 ans. Dans les pays en voie de développement, c’est 90% de la population qui est infectée avant l’âge de 2 ans. Une fois infecté, le virus subsiste dans l’organisme toute la vie. Le virus, transmis par la salive, peut entraîner l’apparition de la mononucléose caractérisée par une fièvre modérée, des douleurs musculaires et une extrême fatigue.
 
Ces sept maladies auto-immunes sont : le lupus érythémateux, la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite juvénile idiopathique, la maladie cœliaque (intolérance au gluten), les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) et enfin, le diabète de type 1.
 
 
Les mécanismes d’action du virus Epstein-Barr
 
Quand des virus ou des bactéries entrent dans notre organisme, il se produit une réaction immunitaire: les lymphocytes B produisent des anticorps dirigés contre les agents infectieux.
 
Cependant, quand un virus Epstein-Barr pénètre dans le corps, il se passe une réaction inhabituelle : il envahit les lymphocytes B, les reprogramme et prend le contrôle de leurs fonctions.
 
La possible origine virale de nombreuses maladies auto-immunes reste une piste. Cependant, il faut rester très prudent dans l’interprétation des constatations effectuées. Ce n’est pas parce qu’un gène ou un antigène viral est retrouvé dans un organe cible d’une maladie qu’il a forcément un rôle dans l’étiologie de cette maladie ; il est indispensable de démontrer le lien immunopathologique entre la présence du virus et les lésions observées. De plus, il faut garder à l’esprit que l’origine de beaucoup de ces maladies auto-immunes doit être multifactorielle et qu’une infection virale pourrait n’être que l’un des agents aboutissant à leur expression.