En fonction de la composition du microbiote, l’infection par la Covid-19 sera plus ou moins grave. La réponse immunitaire qui en découlera pour combattre le virus s’adaptera également aux bactéries présentes dans le microbiote, ce qui jouera également sur la durée de l’infection.
La santé du microbiote intestinal aurait un lien avec le degré de gravité de la Covid-19.
Plus le microbiote intestinal est faible ou en situation de dysbiose, plus l'infection serait longue et violente.
Le microbiote de chaque individu est unique. Hérité de nos géniteurs et modifié par notre alimentation et notre mode de vie, le microbiote sert de barrière interne de protection pour le système digestif. C’est pour cette raison qu’il est primordial de conserver un microbiote résistant, afin de contrer certaines maladies. Selon des chercheurs de l’université de Hong Kong (Chine), la composition du microbiote intestinal au moment de l'infection par le SARS-CoV-2peut avoir une incidence sur le fait qu’une personne soit atteinte d’une Covid longue durée. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Gut.
Le microbiote intestinal joue un rôle important dans la santé. L'intestin abrite des billions de microorganismes et plus d’un millier d’espèces de bactéries. Indissociable du système immunitaire, leur présence dans l’intestin aide à digérer les aliments et mais également à réduire le risque de développer certaines maladies. Toutefois, parmi toute cette flore, certaines bactéries peuvent contribuer au développement de certains types de cancer, favoriser l’obésité voire même avoir un effet sur la santé mentale.
L’équilibre du microbiote est fragile et changeant, ce qui peut entraîner des complications.
Ce phénomène, que l’on appelle la dysbiose, peut se produire suite à la prise d’antibiotiques ou grâce à un régime alimentaire composé d'aliments hautement transformés. La dysbiose peut contribuer au développement de problèmes de santé.
Pour comprendre l’implication du microbiote dans la gravité de la Covid-19, les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang et de selles auprès de 100 patients qui ont été testés positifs au SARS-CoV-2 entre février et mai 2020 dans deux hôpitaux de Hong Kong. Ils ont comparé les données recueillies avec des échantillons obtenus auprès de 78 participants avant le début de la pandémie. En observant les prélèvements, les chercheurs se sont aperçus que les patients atteints de Covid-19 présentaient un nombre plus élevé de certaines bactéries, notamment Ruminococcus gnavus, une bactérie associée aux maladies inflammatoires de l’intestin. De plus, leurs échantillons présentaient un nombre inférieur de Bifidobacterium adolescentis, Faecalibacterium prausnitzii et Eubacterium rectale, des espèces qui, comme l'expliquent les auteurs, ont un “potentiel immunomodulateur”.
De la cytokine en grande quantité
En outre, les chercheurs ont constaté des niveaux élevés de cytokines chez les personnes atteintes du coronavirus. Ces cytokines sont importantes pour la communication cellulaire, car le système immunitaire les produit en réponse à une infection virale. Cependant, lorsqu’elles sont présentes en trop grand nombre et qu’elles deviennent agressives face à l’agent pathogène, elles déclenchent une violente réponse inflammatoire au niveau du système immunitaire: c’est la tempête de cytokine ou choc cytokinique. Cette réponse violente du système immunitaire est capable de créer des lésions tissulaires profondes dans les organes, notamment au niveau des poumons, ce qui peut conduire à la mort. De nombreuses études ont montré que la Covid-19 avait tendance à déclencher des tempêtes de cytokine, ce qui explique une grande partie des décès.
“Les associations entre la composition du microbiote intestinal, les niveaux de cytokines et les marqueurs inflammatoires chez les patients atteints de la Covid-19 suggèrent que le microbiote intestinal est impliqué dans l'ampleur de la gravité de la Covid-19, peut-être par la modulation des réponses immunitaires de l’hôte, notent les chercheurs dans leur conclusion.
A la lumière de ces observations, les chercheurs préconisent également d’être prudent avec la prescription d’antibiotiques, car cela pourrait créer une dysbiose à même d’affaiblir le système immunitaire et d’amplifier les effets dévastateurs d’une potentielle tempête de cytokine. “Les antibiotiques sont peu susceptibles d'être associés à une amélioration des résultats pour les patients en supposant qu'il n'y ait pas de co-infections bactériennes mais, au contraire, ils pourraient exacerber et prolonger la dysbiose des microbiotes intestinaux chez les patients atteints de Covid-19.”
Actuellement, plus de 93 millions de personnes ont contracté la Covid-19 et près de deux millions d’entre elles en sont décédées. En France, plus de 2,8 millions de personnes ont été infectées et 69 313 sont mortes de la Covid-19 selon Santé publique France.
Source : https://www-pourquoidocteur-fr.cdn.ampproject.org/c/s/www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/35100-Le-microbiote-jouerait-role-degre-gravite-de-Covid-19/amp