Le miel

Le miel est un produit qui fascine les humains : doré, sucré, parfumé, c’est un véritable symbole d’abondance. On en oublierait presque que c’est le produit du labeur des abeilles, qu’il est vital pour elles et qu’elles ne le fabriquent pas pour nous !

 

Le miel, qu'est-ce que c'est ?

 

Le miel est un mélange de nectar ou de miellat, de salive et de sucs digestifs des abeilles. 

 

Pour produire 500 g de miel, les abeilles doivent effectuer plus de 17 000 voyages, visiter 8 700 000 fleurs, le tout représentant plus de 7 000 heures de travail. 

 

Les autres produits fabriqués par les abeilles (propolis, pollen – qui leur sert de réserve protéique – , gelée royale… ) sont tout autant le résultat du dur labeur des insectes et sont vitaux pour elles.

 

L'exploitation des abeilles

 

Les abeilles n’hésitent pas à piquer lorsqu’elles se sentent menacées. Lorsqu’elles piquent, leur dard reste figé dans la peau de leur agresseur et est arraché de leur abdomen, ce qui leur coûte la vie. Pour prendre le miel et les autres produits des abeilles, les abeilles sont donc enfumées ou éloignées à l’aide de répulsif, ce qui les stresse.

 

Comme on prélève du miel et que les abeilles en ont un besoin vital en hiver, on leur donne généralement du sirop de glucose ou de fructose en remplacement, ce qui les prive de nutriments, enzymes et vitamines.

 

Quant à la transhumance, une pratique en pleine expansion, elle consiste à déplacer les abeilles selon les floraisons. Pour ce faire, la ruche est hermétiquement fermée, ce qui provoque un risque d’affolement des insectes et d’étouffement. Cette pratique pousse également les abeilles à travailler toujours plus, et donc à s’épuiser, puisqu’on leur présente constamment de nouvelles possibilités de butinage.

 

Le clipage des reines

 

Il est fréquent que les apiculteurs coupent les ailes de la reine (le clippage, interdit en agriculture biologique) pour s’assurer qu’elle reste dans la ruche ou, si elle s’envole, ne parte pas trop loin. Le clippage se fait couramment à l’aide d’une petite paire de ciseaux.


Une autre pratique fréquente est de tuer la reine dès qu’elle devient moins productive, parfois au bout d’un an seulement – c’est le turn-over – alors qu’une reine peut vivre 5 ou 6 ans. Les reines peuvent aussi être fécondées par insémination artificielle avec le sperme d’un mâle (le faux bourdon), qui aura été décapité afin de pouvoir recueillir sa semence.

 

L'enfumage pour prendre le miel

 

La fumée déclenche chez l’abeille une peur instinctive de l’incendie. Ce stress amène la colonie à se gorger de miel ou à se regrouper autour de la reine avant de fuir le lieu menacé par le feu si la menace se précise. Pendant qu’elles se gorgent de miel, elles ne sont plus suffisamment solidaires pour attaquer. Pendant l’enfumage, l’apiculteur peut par exemple effectuer des opérations sanitaires, et bien sûr prélever les stocks de miel. C’est une pratique très répandue.

 

Les alternatives au miel

 

Si certaines pratiques diffèrent beaucoup selon les apiculteurs et qu’un petit producteur bio prendra, a priori, plus soin de « son cheptel » qu’un apiculteur conventionnel possédant des milliers de ruches, la meilleure façon de ne pas contribuer à l’exploitation des abeilles consiste à se tourner vers les alternatives végétales.

 

Il existe toute une gamme de produits de substitution dont les goûts et qualités nutritives ne sont plus à prouver. Les sirops d’érable, d’agave ou de dattes présentent une texture similaire à celle du miel, mais aussi des goûts proches et délicieux. Encore peu développés en France et pourtant de fabrication plus locale, les sirops de céréales constituent aussi des alternatives très intéressantes. La mélasse, qui est un liquide noir et épais dont le goût rappelle la réglisse, est riche en fer, vitamine B2 et B6, potassium, magnésium, calcium, phosphore… Ces savoureuses alternatives, et bien d’autres (sirop de pommes, etc), remplacent sans difficulté le miel, que ce soit à l’état pur (tartines, dans les infusions, sur des crêpes… ) ou dans les préparations, comme par exemple le pain d’épices. On peut aussi préparer soi même un délicieux miel de pommes.

 

Aider les insectes

 

Les plus récentes études semblent confirmer l’hypothèse selon laquelle de nombreuses espèces d’insectes et d’invertébrés ressentent la douleur et possèdent une forme de conscience.

 

Des milliers d’espèces d’abeilles sauvages existent, et il semblerait que le développement (pour le miel) de l’abeille domestique, apis mellifera, porte préjudice aux autres espèces pollinisatrices, qu’elle concurrence fortement. 

 

Actuellement, le déclin des populations d’abeilles domestiques attire l’attention, mais en réalité ce déclin touche de très nombreuses populations d’insectes, pollinisateurs ou non : les populations de papillons, bourdons, scarabées sont en chute libre.

 

Les abeilles sont présentes sur Terre depuis au moins 100 millions d’années. Les principales causes de leur dépérissement massif, comme de celui de la plupart des autres insectes, sont la monoculture (productions intensives, notamment pour nourrir les animaux d’élevage) et l’emploi d’insecticides.

Des moyens peuvent pourtant être mis en œuvre pour inverser la tendance, comme augmenter la présence de fleurs sauvages à proximité des cultures et diminuer l’utilisation des pesticides. Si vous disposez d’un jardin, vous pouvez fabriquer ou acheter un « hôtel à insectes » qui permettra aux abeilles sauvages, comme les osmies, de se reproduire  –  ces abeilles, qui ne vivent pas en colonies, sont des solitaires très pacifiques : vous pourrez les admirer sans aucun danger, même de près !

 

Quant aux abeilles domestiques, elles bénéficieraient aussi des mesures ci-dessus évoquées. Rien ne nous interdit non plus d’avoir des ruches sans pour autant exploiter les abeilles : plutôt que leur dérober leur miel par la force ou par la ruse ; ne serait-ce pas la meilleure façon de les protéger ?

 

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